A QUOI S'INTERESSENT LES ASTRONOMES PROFESSIONNELS SUR LA LUNE ?

LPOD-Nov2-09.jpg

image de Kramer, Jolliff & Neal

A de rares exceptions près, les amateurs et les professionnels n'étudient pas la Lune de la même façon. Les amateurs excellent dans l'acquisition d'images haute-résolution sous tous les éclairages possibles. Les professionnels ne s'occupent d'acquérir de telles images et ne travaillent que sur les clichés obtenus par les différentes sondes spatiales. Ils utilisent en particulier des images multi-spectrales - prises à travers des filtres différents - afin d'essayer d'identifier la composition des matériaux composant le sol lunaire. L'image ci-dessus illustre ce processus.
Les quatres petites images en médaillon (en bas à gauche) sont une version réduite d'images multi-spectrales prises par Clementine et, pour les deux imagettes du bas, une estimation, obtenue par traitement de ces images multi-spectrales, de l'abondance relative en fer (Fe) et en titane (Ti) dans le sol. L'abondance relative de ces deux éléments est une donnée utile pour classer les roches présentes dans les mers lunaires.
L'interprétation de ces données a permis de dresser une carte de la Mer du Nectar (Mare Nectaris). Cette formation est géologiquement assez simple, montrant majoritairement des laves pauvres en Fe et Ti, formées pendant l'ère dite de l'Imbrien inférieur, caractérisée par une activité volcanique généralisée. Ces laves sont constituées de basaltes relativement riches en aluminium - qui n'ont été que très partiellement échantillonnées lors des missions Apollo. Une région plus petite, peut-être plus basse, à l'ouest du centre du bassin, montre des basaltes plus jeunes (en bleu) avec des abondances relatives en Ti et Fe moyennes. Les autres régions pour lesquelles on dispose d'une interprétation correspondent à des éjectas déposés lors d'impacts postérieurs à la formation du bassin Nectaris : Rosse, pendant l'ère Erathostenienne (en vert); Théophile au début de l'ère Copernicienne (en brun clair) et Tycho à la fin de cette ère Copernicienne (trainées jaunes). L'étude spectrale confirme donc que les « rayons » clairs qui traversent le basson Nectaris ne sont pas dus à Rosse mais à Tycho [NDT : situé bien plus loin !].

Chuck Wood
(traduction Jocelyn Sérot)
Reprise d'une LPOD du 2 novembre 2009

Données techniques
Données et interprétation tirées de l'article : Georgiana Y. Kramer, Bradley L. Jolliff, and Clive R. Neal (2008) "Distinguishing high-alumina mare basalts using Clementine UVVIS and Lunar Prospector GRS data: Mare Moscoviense and Mare Nectaris", JOURNAL OF GEOPHYSICAL RESEARCH, VOL. 113, E01002, doi:10.1029/2006JE002860

Liens
Rükl planche 58


La rubrique originale sur LPOD